En 2030, les Millennials représenteront 75% des actifs en France, une jeunesse dont le poids n’est pas seulement démographique.

Quête de sens, flexibilité, qualité de vie, reconnaissance, liberté d’action : les différentes générations qui la composent en appellent toutes au changement. Des aspirations et une diversité qui impactent directement le monde du travail, face auxquelles les recruteurs se retrouvent en première ligne.

Quels sont les nouveaux modes de recrutement insolites qui deviendront la norme ? Réponse de la Silicon Valley à l’Hexagone.


En renonçant aux CDI et aux plans de carrière bien définis, les Millennials sont nombreux à accepter une vision plus ou moins floue pour leur avenir. Pour eux, remises en cause, réorientations et contrats s’enchaînent sans se ressembler.

Dans un même temps, les recruteurs s’adaptent et font la part belle à ces profils atypiques, moins techniques, mais tout aussi complexes à évaluer. Séverin Naudet, Chief digital officer du groupe Amaris et ancien conseiller numérique du Premier ministre, nous expliquait que les Millennials « veulent le meilleur des deux mondes de l’entreprise et de l’indépendance ». Cela amène donc aussi les RH à se remettre en question et repenser leurs méthodes de recrutement.


La Silicon Valley, île de la tentation

Elle représente un puits sans fond d’inspiration pour les startups françaises, mais un mal ronge le sud de la baie de San Francisco : le recrutement."Tous ceux qui travaillent dans les startups en vue sont contactés 15 fois par jour par des dizaines de recruteurs. Il faut arriver à se différencier” explique ici Arnaud Boulay, ancien recruteur la Silicon Valley. "C’est un endroit extrêmement cosmopolite, avec des ingénieurs qui viennent du monde entier. Les ressources humaines doivent s'adapter à la culture de chacun.”

Conséquence de cette course aux cerveaux, un turn-over important et des recruteurs prêts à tout pour séduire et garder les meilleurs candidats. Ce sont eux les rois.


Chiffres de la Silicon Valley


Hormis le problème qu’elle rencontre avec ses développeurs, la France semble préservée d’un tel avenir. Le schéma de recrutement en place donne toujours le pouvoir de décision aux recruteurs, qui doivent encore faire le tri entre de nombreux CV pour trouver la perle rare. Une phase fondamentale et chronophage, mais qui a déjà entamé sa transition.


Artificiel, je voudrais que tu m'appelles

En avril 2018, nous faisions la connaissance de Vera, la première assistante RH à faire parler d’elle dans les médias. Sa particularité : elle est capable de faire passer 1500 entretiens en neuf heures, un temps record. Son secret n’en est pas vraiment un, Vera est une intelligence artificielle.


Intelligence artificielle


Depuis ses débuts, elle attire l’attention de géants comme l’Oréal, Ikea ou PepsiCo, pour qui le flot continu de candidatures pose un véritable problème lors des présélections. Aussi bien pour les RH que pour les candidats. Malgré son impartialité, sa patience et la décision finale qui revient tout de même à un véritable être humain, Vera a du mal à se faire accepter. Elle nous indique tout de même la direction plutôt claire que sont en train d’emprunter les RH dans leur quête de modernité.


Talents aiguilles

Si les IA comme Vera restent l’apanage des grandes entreprises, un autre sujet est en vogue dans les cabinets de recrutement : les soft skills, une notion désignant les compétences comportementales des candidats.

Ce terme fait opposition aux hard skills, préférées depuis des années par les recruteurs, qui se réfèrent directement aux compétences techniques. Avec l’arrivée des Millennials, il est aujourd’hui impératif pour les entreprises d’établir un bon équilibre entre hard et soft skills, sans quoi, elles risquent de ne pas garder leurs jeunes recrues bien longtemps. Un changement d’aiguillage intéressant remettant en question le processus de recrutement, ce dernier n’étant pas optimisé pour la découverte des soft skills.


Le recrutement des Millennials


Entretien mocassins ou claquettes chaussettes ?

Ce n’est pas la génération Y qui n’est pas adaptée au milieu du travail, mais le monde du travail qui n’est pas adapté aux Millennials.”* Simon Sinek. Un message tout à fait reçu du côté des ressources humaines, qui ont d’ores et déjà trouvé des techniques intéressantes pour trouver leurs nouveaux talents. Entre digitalisation et entertainment, voici quelques idées complémentaires aux entretiens d’embauche, utilisées par des recruteurs inspirés :

Les épreuves de sport : une technique bien connue utilisée par Décathlon pour recruter certains de ses employés. L’exercice consiste à créer des équipes de candidats et les confronter lors d’un match de basket ou un parcours du combattant. Il n’est aucunement question d’évaluer sur les performances, mais plutôt de mettre à jour la vraie nature de chacun, leur esprit d’équipe, leur goût du challenge. “Je savais que le ton briserait un peu la glace, que je pouvais rester naturel devant le recruteur. Venir en short ce n’est pas quelque chose d’habituel, on se dit qu’il nous voit sous notre vrai jour. Une barrière tombe. Je voyais des gens qui oubliaient complètement qu’on était en session de recrutement. Cela fait aussi tomber les masques.” Charles, manager chez Décathlon, recruté par entretien sportif.


L’Escape Game : intègre plus largement le phénomène de “gamification” des entretiens d’embauche. Plus qu’une simple mise en situation, il s’agit ici de résoudre collectivement une enquête dans un temps imparti. Un format attirant, car bien connu des candidats, qui identifient cette mission aussi comme un loisir. Ainsi quelques minutes suffisent aux recruteurs, parfois incognito au milieu des candidats, pour évaluer les qualités humaines déterminantes de chacun. Leadership, écoute, objectivité, gestion du stress… "On détecte toutes sortes de choses qui ne se lisent pas dans un CV. C’est vraiment intéressant !" témoigne ici Roxane Lancry, DRH de Lidl, qui teste la méthode depuis novembre 2016. Un point de vue également partagé par PwC, adepte de cette tendance.



Les chatbots : sont similaires à Vera, mais en plus accessibles. Leur but est de simplifier les premiers échanges entre candidats et recruteurs, bien souvent déterminants pour la suite. En proposant une réponse immédiate et personnalisée pour chaque candidat, les chatbots font gagner un temps précieux aux recruteurs et viennent au passage valoriser la marque employeur. Autre atout, leur flexibilité. Selon Valérie Touraine, fondatrice de JAI : "Un chatbot qui peut être intégré directement sur le site Carrières du client, sur Facebook dans Messenger et dans les campagnes d’acquisition ou inséré dans les annonces publiées sur les jobboards".


Le van aménagé : utilisé par Kiabi dans le cadre d’une tournée des plages au cours de l’été 2017. À l’intérieur, les candidats étaient invités à rédiger une carte postale de motivation et devaient répondre à huit questions, dont l’objectif était essentiellement de révéler la simplicité et la spontanéité des candidats. "Au total, nous avons enregistré une soixantaine d’entretiens vidéo et récolté une centaine de cartes postales" précise Laetitia Lepoutre, responsable recrutement et sourcing. Les lieux insolites, un terrain déjà exploré par Michel et Augustin qui recrutait alors dans le métro parisien déjà en 2015.


La réactivité, la proximité sont d’autres notions plus subtiles que les recruteurs ont su déceler parmi les attentes des nouvelles générations. Selon un Les Échos, repris par Welcome to the Jungle : 91% des candidats acceptent une proposition d’embauche lorsque celle-ci est faite le jour même de l’entretien, n’étant plus que 50% au bout d’une semaine et 9% au-delà de 15 jours.

Il est donc impératif pour les recruteurs d’établir rapidement la balance entre soft et hard skills et de trouver des solutions de recherche alternatives qui ne seraient pas forcément envisagées dans la Silicon Valley. “Ils seront 50% de la population active mondiale en 2020 et 75% dans 5 ans, c’est probablement l’un des renouvellements générationnels le plus importants de l’histoire moderne, leurs usages deviendront la norme”, nous confiait Séverin Naudet en interview. Pour mieux connaître ces profils, nous avons réalisé un ebook complet sur les Millennials et le travail.


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