Ancienne athlète de haut niveau, spécialiste du 400m (championne de France junior) qui porta une dizaine de fois les couleurs de la France en compétitions internationales, Dominique Carlac’h devint ensuite entrepreneur et rejoint le MEDEF, où elle fut présidente du Comité Sport.
Elle est aujourd'hui Porte-parole et Vice-Présidente du MEDEF, avec en ligne de mire la transformation des entreprises et des méthodes de travail. Pour elle, sport et travail est un alliage parfait : améliorer la qualité de vie au travail, c’est booster la productivité.
Comment expliquer que le salarié soit désormais placé au cœur des stratégies d’entreprise ? Pouvons-nous considérer que son bien-être est devenu vital pour l’entreprise ?
Ce n’est pas véritablement “vital”, par contre c’est un vrai facteur de performance. Il n’y a pas un enjeu d’extinction imminente, d'hyper risque pour l’entreprise. On est vraiment dans l’amélioration de la performance, pas seulement dans “effectuer le travail”. Le bien-être apporte un surcroît d'efficacité pour le salarié lui-même et pour l’entreprise dans son ensemble.
Qui dit bien-être, dit lever beaucoup de freins à la performance. Quand j’étais athlète, on me disait toujours d’être “rapide mais relâchée”. On cherche à enlever un frein de crispation potentiel : de la crispation sociale, physique ou psychologique. Dès lors que vous l’enlevez, vous arrivez à avancer vite.
Ce n’est donc pas vital, mais c’est un surplus de performance.
Par quels moyens démocratiser la pratique sportive en entreprise ? Notamment au sein des grands groupes ?
Les PME et TPE ont besoin d’accompagnement et de conseils pour pouvoir entamer une démarche de qualité de vie au travail, ils ne savent pas comment s’y prendre.
Pour les grands groupes, ils proposent souvent déjà du sport eux-mêmes. Les CSE sont les portes d’entrée de ce type d’initiatives. Ce qui pêche parfois c’est la diffusion et donc l’utilisation.
Comment réduire le décalage existant entre la demande des salariés et l’offre actuelle des entreprises ?
Personne n’a rien à imposer à personne, ce ne sont pas les salariés qui vont imposer aux patrons d’accorder une pause sport sur le temps de travail ou la pause déjeuner, et ce n’est pas non plus le chef d’entreprise qui va imposer à tout le monde de faire du sport. Cela exclurait les populations qui ne sont pas sportives.
La clé, c’est de se dire qu’on a une démarche de consultation : pour améliorer votre QVT et votre performance, on imagine vous proposer une offre sport. Et si ça devait être mis en place, comment imaginez-vous les choses ? C’est une consultation, une rénovation du dialogue. Je n’ose pas dire dialogue social, car on tombe vite dans le syndical, mais une rénovation du dialogue sur la performance collective de l’entreprise.
C’est une démarche participative et donc génératrice d’une adhésion dans la durée.
Comment voyez-vous la place du salarié en 2030 ?
Si le salarié de 2030 aura beaucoup d’autonomie dans le choix de son organisation, sa place ne prendra pas celle du patron. En effet, il y a une notion de prise de risques inhérente au statut de dirigeant, qu’elle soit financière, sociale, familiale ou physique. Le salarié, consciemment ou non, ne s’inscrit pas forcément dans cette logique.
Le fait que le collectif, d'entreprise ou autre, prenne en charge une partie de ses risques sera dans l’ADN du salarié de 2030. Pourtant, à plus long terme, le salarié va devoir évoluer vers une responsabilisation et une reprise en charge de certains risques pour des raisons démographiques et budgétaires. Le collectif ne pourra pas tout prendre en charge.
Quel sera le rôle du sport dans le monde de l’entreprise en 2030 ?
Si le salarié est moins présent physiquement dans l’entreprise du fait des nouvelles formes du travail (télétravail notamment), il est possible qu’il garde le sport dans sa sphère privée. Le sport restera un outil de performance de l’activité mais pas forcément dans une relation salarié-employeur. Il soutiendra une nouvelle forme d’activité qu’elle soit indépendante, salariée ou entrepreneuriale. Il sera primordial d’avoir des lieux pour équilibrer la sphère du travail et la sphère personnelle, et ainsi luter contre le stress engendré par le blurring.
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