1998
“Tu fais quoi dans la vie ? “
“Je suis free”
“Ah... :(“
2018
“Tu fais quoi dans la vie ? “
“Je suis free”
“Ah !!!!!!!!!!”
Si la cote de popularité de l’équipe de France de football a peu évolué vingt ans après, difficile d’en dire autant pour celle des freelances qui a littéralement explosé !
20 années durant lesquelles la société a changé, bouleversant directement le monde du travail. La culture du travail nomade est désormais profondément ancrée dans les mentalités. Etre freelance n’est plus synonyme de précarité, de choix par défaut voire d’échec mais plutôt de réussite, d’indépendance voire de libération. Cette tendance s’inscrit en effet dans une quête de vie professionnelle idéale, où la liberté est érigée en Saint Graal ultime. Pour comprendre cette utopie contemporaine, nous avons interrogé Malt et Yoss, deux plateformes de mise en relation entre freelance et entreprise.
Libre comme l’ère
Le nombre de freelances en France a triplé en seulement dix ans.
En cause ? Un fructueux mélange entre évolution technologique, professionnelle et sociétale. Ce statut est devenu plus facilement accessible grâce aux avancées technologiques, au développement du travail collaboratif et des outils de communication à distance. Il est également devenu plus accepté, l’évolution des mentalités modifiant la perception de ces travailleurs. Comme l’indique Marion Bernès, Communication Officer chez Malt, “le choix du freelancing est profondément en adéquation avec les nouvelles aspirations de tous les travailleurs, notamment des plus jeunes.”
Le monde du travail est entré dans une ère où l’absence de liberté et d’indépendance sonnent le glas de l’engagement des salariés. Marion Bernès poursuit : “les travailleurs de demain, dit de la génération Z, ont des aspirations nouvelles : ils veulent plus d’autonomie, plus de sens, plus de temps à eux, et privilégient le freelancing comme la voie royale”. Cette analyse fait écho aux propos de Maud Frejaville, Brand & Communication manager chez Yoss :
C’est un besoin de liberté qui pousse les gens vers ce statut de freelance.
On ne naît pas freelance, on le devient
Et volontairement. D’après le dernier baromètre publié par Malt “Le freelance en France”, 90% des freelances ont fait le choix de ce statut. “Ce n’est donc pas finalement une contrainte”, remarque Maud Frejaville. “Pour moi, cela s’explique par d’autres facteurs. Le premier : il y a de plus en plus l’envie de retrouver du sens dans son travail, de ne pas trimer pour quelqu’un qui aura tous les bénéfices, de faire un métier qui nous correspond, de varier les missions etc… Tout ce désir de liberté s’exprime de plein de manières différentes”.
Ce n’est donc plus l’absence de contrat stable qui pousse les salariés à être freelance par défaut.
Il est free, il a tout compris
75% des freelances se déclarent fiers et heureux de leur statut tout comme de leurs conditions de travail. Au fil des années, les travailleurs ne se sont plus tournés plus vers ce statut par dépit mais par choix. Les mutations du salariat, l’apparition des maladies professionnelles et la dégradation des conditions de travail ont fait fuir une partie de cette main d’oeuvre vers le freelancing. Chez Malt, ils sont 73% à ne pas vouloir (re)devenir salariés, 88% sont freelance par choix, 80% le font par besoin d’indépendance.
Plus qu’une méthode de travail, c’est un véritable mode de vie. Plus de liberté, une autonomie complète, être son propre patron… Désormais, le freelancing fait des envieux !
“Le choix du freelancing est profondément en adéquation avec les nouvelles aspirations de tous les travailleurs, notamment des plus jeunes : besoin de plus d'autonomie ou de travailler en mode projet, confie Marion Bernès. Nous avons posé la question récemment aux freelances inscrits sur Malt et pour 80% d'entre eux c'est gérer son temps, ne plus avoir de patron et avoir une diversité des missions qui ont motivé leur choix. La liberté est clairement au cœur de leur décision.”
Des entreprises frileuses face aux freelances
Mais le freelancing n’est toujours pas un réflexe. Si les travailleurs tendent de plus en plus vers ce statut, les entreprises, quant à elles, restent encore peureuses. Mauvaise intégration, décalage de mentalité… Si certaines craintes persistent du côté des managers, ils ont aussi tendance à oublier que salariés et freelances peuvent être complémentaires : “en effet, à bien des égards, les grandes entreprises ont besoin des freelances pour les aider à se transformer, assure Marion Bernès, soit parce que ces travailleurs disposent de compétences clés que les entreprises traditionnelles n'arrivent pas à intégrer, soit parce qu'ils diffusent des nouvelles méthodes de travail et imposent de repenser le management en tant que tel.”
Pour créer ce lien entre entreprises et indépendants, de nouveaux interlocuteurs apparaissent. “Notre rôle c’est de faire comprendre aux grands groupes que ça peut très bien marcher en remote complet, explique Maud Frejaville, heureusement nous avons de très beaux exemples pour les convaincre mais cela reste un combat !”
Un combat qui paye. Aujourd’hui, parmi les clients de Malt, on retrouve 70% des entreprises du CAC 40.
A l’image des digital nomads et travailleurs en remote, le statut de freelance peut en faire rêver plus d’un. Poudre aux yeux ou réelle solution miracle ? Le freelancing est avant tout un mode de vie à adopter avec ses conditions et sacrifices.
Cette démocratisation du freelancing pousse les entreprises à repenser leurs méthodes de travail : accorder plus de confiance aux indépendants, être plus soucieux des attentes de la nouvelle génération… Si le freelancing ne semble pas s’inscrire dans le temps comme un effet de mode, il transforme les entreprises et s’impose peu à peu comme précurseur d’une nouvelle culture du travail.
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Sources
Etude "Le Freelancing en France, Malt