Quel avenir pour le travail ? Entre le chevauchement de ses nouvelles formes et la fin annoncée par certains du sacro-saint CDI. Entre la liberté et la recherche de sens. Entre l’entreprise libérée et le soloprenariat.
Denis Pennel, DG de la confédération mondiale de l’emploi (World Employment Confederation), est un spécialiste reconnu du marché du travail. Il a développé le concept du libertariat, issu du ras-le-bol des modèles d’entreprises classiques et du top-down stricte, surtout chez les jeunes générations.
Auteur de plusieurs livres et de nombreux articles sur le sujet, il revient pour nous sur les grands enjeux RH du futur.
Quel sera le bien-être au travail à horizon 2030 ?
Un des enjeux d'aujourd’hui et de demain du marché du travail, c’est de le réhumaniser : lui redonner toute sa dimension humaine. On voit bien qu’il y a un malaise par rapport à la manière de travailler. J’appelle ça “la grosse fatigue du salariat” qui ne répond plus aux aspirations des individus car le cadre de travail est rigide, coercitif.
Quel avenir pour le travail à l’heure des méthodes de collaboration, de l’émancipation du salarié ? Peut-on lier ce futur à votre concept de libertariat ?
Aujourd’hui s’exprime une soif de liberté sur le marché du travail et dans l’exercice de son activité professionnelle.
Cela va passer par redonner du pouvoir aux travailleurs, leur permettre de reprendre du contrôle sur leur façon de travailler. C’est en train d’évoluer. Quant à la capacité de chacun de pouvoir organiser son travail concrètement au quotidien, elle reste encore limitée. On est dans un environnement encore très normé, cardé, où la relation de subordination est encore très forte et où l’individu a peu de latitude pour organiser son temps de travail.
Vous parlez vous-même de la fin du salariat, l’avenir est-il aux solopreneurs ?
Je parle de la fin du salariat avec un point d’interrogation quand même. Je ne pense pas qu’il va disparaître. Sa part dans la population active va diminuer, c’est sûr, au profit sans doute du travail indépendant et de l’entrepreneuriat. Le salariat s’est généralisé après la Seconde Guerre mondiale. la a correspondu aux 30 Glorieuses, à la production de masse et à la croissance économique. On passe d’une économie de l’offre à une économie de la demande. Aujourd’hui les gens veulent des biens et des services individualisés conçus pour eux et non plus des produits standardisés. Cela change notre outil productif et notre relation au travail.
Les startups seront-elles toujours à la mode ?
Le marché du travail de demain sera caractérisé par une diversification des formes.
Et certaines vont coexister en parallèle. Sans doute demain nos enfants exerceront plusieurs métiers en même temps, ils feront peut-être un peu de salariat à temps partiel et auront créé une startup, feront du bénévolat ou de l’intérim à côté.
Je ne pense pas non plus que la startup va disparaître.Au contraire on verra de plus en plus de personnes monter leur structure, soit en tant que solopreneur soit avec des collaborateurs salariés ou freelances.
Une idée quant au paradigme que va créer la génération Alpha qui fera son entrée sur le marché du travail aux alentours de 2038 ?
Je ne pense pas que cette génération sera fondamentalement différente des Millennials. Il y aura toujours cette soif de liberté et d’autonomie dans le travail. C’est une évolution structurelle qui répond à l’évolution de nos sociétés vers plus de responsabilisation. On n’a jamais eu une population aussi diverse, bien formée et éduquée, on ne peut donc pas offrir la même chose qu’à la population active des années 50.
Si vous souhaitez en savoir plus sur les nouvelles générations et leur rapport au travail, nous invitons à télécharger notre ebook dédié, ainsi qu'à lire l'interview du Directeur Associé d’Uptoo.