L’intérêt de la QVT, du point de vue de l’entreprise, est indéniable : elle génère plus d’engagement des collaborateurs, moins d’absentéisme, moins de turnover… Du pain béni pour la performance.
Et il semblerait que les entreprises françaises en aient bien besoin, puisque seuls 6% des salariés français se sentent engagés dans leur travail. (1) À titre de comparaison, l’engagement dans les entreprises labellisées “Great Places to Work” est de 70% ! (2)
Les initiatives QVT sont donc une des grandes tendances RH du moment. Initiatives encensées par certains… mais décriées par d’autres. Que pensent vraiment vos salariés de la QVT ? La jugent-t-ils utile ou n’est-elle que poudre aux yeux pour eux ?
Oui, les salariés restent encore sensibles à l’amélioration de leur QVT
La QVT est-elle si importante du point de vue des salariés ?
Après tout, certaines données nous permettent d’en douter. Par exemple, 75% des salariés se déclarent heureux au travail et 68% s’y disent motivés. (3)
Alors à quoi bon ? Les salariés ne sont pas si malheureux...
Toutefois, jetons un oeil du côté de leur motivation : de ce point de vue, il semblerait que la QVT soit aussi importante que la rémunération.
Si la moitié d’entre eux vont au travail “pour gagner leur vie”, l’autre moitié est motivée par des raisons liées à la QVT, comme le développement personnel, l’épanouissement dans un travail qui leur plaît et le bien-être. (4)
Même s’ils sont fondamentalement heureux, les salariés se sentent désengagés, fatigués et stressés.
Ils sont donc sensibles à maintenir une excellente QVT, car ils ont conscience que leurs principales insatisfactions peuvent se résoudre ainsi.
Mais ils ne sont pas dupes pour autant : on n’achète désormais plus leur satisfaction en organisant un cours de yoga par an ou avec un babyfoot.
Toutes les initiatives QVT ne se valent pas !
Les initiatives QVT qui séduisent le plus se réduisent rarement à enjoliver l’environnement de travail
La QVT est une notion complexe, trop souvent réduite à la qualité de l’environnement de travail.
Pourtant, les conditions matérielles du travail sont moins importantes que d’autres critères : les salariés y préfèrent par exemple l’intérêt porté au travail effectué et l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée. (3)
Ainsi, parmi les initiatives qui séduisent le plus les salariés, nous pouvons retrouver celles qui…
- Améliorent le contenu même de leur travail et lui donne du sens
- Favorisent leur épanouissement “hors travail”
- Comprennent leurs véritables besoins au quotidien
Les salariés s’en remettent en effet à leur entreprise pour faciliter certains aspects de leur vie privée qui, bien que ne relevant pas du travail, en améliorent grandement la qualité (sommeil, droit à la déconnexion, alimentation, sport).
Par exemple, 68 % des salariés disent qu’ils feraient plus de sport si leur entreprise prenait en charge une partie des cotisations. (3)
Faciliter l’accès au sport est donc une bonne initiative QVT, n’est-ce pas ?
Pas si simple !
Elle l’est à condition que, comme le signale l’équipe de Deliveroo, la démarche prenne en compte la réalité du quotidien des employés. (5)
Inutile donc de proposer un cours hebdomadaire régulier à des salariés qui devront - à cause de leur travail - en rater un sur deux !
Les employés sont déçus des initiatives QVT qui ne sont pas sincères ou ne sont pas menées à terme
Nous comptons de plus en plus de déçu(e)s du “happy management”.
De désillusionné(e)s de la QVT.
Et ce n’est pas surprenant : parmi les entreprises qui entament une démarche QVT, moins d’une sur trois mènent cette démarche jusqu’au bout. (6) La désillusion a aussi lieu du côté de l’entreprise : il n’est pas si facile de mener ces initiatives qui demandent des ressources, du temps, et surtout l’engagement de tous les collaborateurs.
Parfois, les salariés sont aussi sceptiques quant à la sincérité de l’entreprise qui initie ces démarches. Lorsque la QVT n’est pas inscrite dans les valeurs ou la vision d’une société, cela sonne rapidement faux…
Voilà ce que pensent les salariés des initiatives déguisées en “initiatives QVT” mais qui n’ont pas le bien-être des collaborateurs pour objectif.
Finalement, la QVT déçoit quand elle échoue à s’attaquer aux problèmes de fond
Les salariés les plus déçus de la QVT sont sans doute ceux dont les entreprises se sont vantées de travailler à son amélioration... sans jamais s’attaquer aux problèmes jugés les plus importants.
Ces problèmes peuvent être résolus via une démarche de QVT.
Cependant, cette démarche ne peut avoir d’impact que si elle est durable et portée par l’ensemble des collaborateurs… à commencer par le management. Un rôle difficile à assumer pour des managers déjà débordés, dont la moitié estime ne pas avoir été suffisamment formée à la QVT. (6)
Le cas des Millennials
Les Millennials ont la même envie de QVT que les seniors (en légèrement exacerbée)
Les attentes des Millennials au regard de la QVT peuvent parfois paraître un peu plus extrêmes que pour les autres. Par exemple, pour 40% d’entre eux, il est essentiel que le trajet entre leur habitat et leur bureau soit inférieur à 30 minutes. (8)
D’une manière générale, il y a fort à parier que, si les seniors désirent une initiative QVT, les Millennials la désirent davantage.
Cependant, leurs attentes restent fondamentalement les mêmes que celles de leurs collègues plus âgés.
Trois idées reçues à revoir
“La QVT est plus importante que la rémunération pour les Millennials”
Faux ! La rémunération reste le critère de sélection n°1 pour la majorité des jeunes en recherche d’emploi.
Cependant, une fois que leur sécurité financière est garantie, 72% des Millennials se disent prêts à de nombreuses concessions pour améliorer leur QVT. (9)
Cette idée reçue sera en revanche probablement vraie pour la génération suivante, née après 2000. (8)
“On peut acheter un Millennial avec un baby-foot…”
Complètement immatures, les Millennials ?
En réalité, ce qui est perçu comme un “extra” pour les seniors est perçu de la même façon par les plus jeunes.
Quand on les sollicite pour juger de l’importance des différents services à mettre en place dans leur environnement de travail, ils s’avèrent tout à fait raisonnables et considèrent que le lieu de travail doit rester l’endroit où… l’on travaille.
Par exemple, si 40% jugent que la présence d’une cafétéria est essentielle, seuls 14% sont en faveur de la création d’un espace de jeux au bureau. (8)
“Le Millennial ne veut plus travailler dans un bureau classique”
Cette idée reçue vient de l’association que nous faisons entre les désirs des Millennials et les tendances du “future of work”.
Pourtant, deux Millennials salariés sur trois continuent de préférer les bureaux fermés aux open spaces et au flex office… (8)
Jeunes ou non, on travaille mieux sans agitation !
Sources :
(1) Institut Gallup
(2) E-book Gymlib Bien-Être
(4) ADP
(5) Deliveroo
(6) Anact
(7) Dares / Ministère du Travail, 2017
(8) CBRE
(9) Cegos