Petites, moyennes et grandes entreprises : aujourd’hui, toutes voient leur organisation chamboulée par la crise sanitaire du Covid-19. Les mesures évoluent et le télétravail, mis en place par une majorité d’entre elles, risque de continuer encore quelque temps avant un retour à la normale. Dans ce contexte :
- Quels seront les nouveaux enjeux du bien-être au travail ?
- La Qualité de Vie au Travail (QVT) doit-elle être une priorité de l’après-crise ?
- Comment assurer la cohésion des équipes et motiver les collaborateurs ?
Afin de donner des pistes pour traiter ces problématiques actuelles, Aurélie de Raphélis Soissan, Responsable RH de Gymlib , a rencontré Stéphane Waller, CEO de Bleexo, au cours d’un webinar sur les enjeux de la Qualité de Vie au travail post-confinement.
Pour commencer, vous pouvez retrouver dès maintenant le replay de notre webinar !
Une crise sanitaire aux problématiques multiples
La crise sanitaire que nous vivons a profondément bouleversé nos repères et les conditions de travail des salariés. Des alternatives ont été mises en places, tels que le télétravail, mais bon nombre de difficultés et d’interrogations demeurent.
Si certaines entreprises ont peut être été moins déboussolées car elles sont dans “cette logique du numérique et de la tech” comme l’atteste Stéphane Waller, le confinement est resté une épreuve difficile pour beaucoup d’entreprises.
Les impacts ont été multiples :
- Suspension voir interruption complète de certains secteurs économiques
- Réorganisation des méthodes de travail
- Baisse des budgets
- Difficultés pour garder un contact avec les collaborateurs
Des pertes de repères qui auraient pu être limitées si certaines entreprises s’étaient concentrées davantage sur la QVT de leurs collaborateurs. Mais ces démarches ne sont pas fixes : le contexte actuel a justement fait évoluer les alternatives de QVT et les a poussé vers de nouvelles directions, en se concentrant par exemple sur la transparence de l’entreprise ou sur une meilleure flexibilisation des horaires de travail.
Privilégier ou délaisser la QVT : quelles conséquences ?
Les démarches QVT sont-elles si efficaces et indispensables en temps de crise ? L’entreprise Bleexo s’est penchée sur la question. Après la mise en place d’une enquête sur l’impact du confinement dans le fonctionnement interne des entreprises, deux groupes ont émergés : le groupe A, où l’investissement QVT est faible ou limité. Le groupe B, quant à lui, regroupe des entreprises plus investies autour de ces problématiques et qui perçoivent la culture d’entreprise comme une véritable force pour accomplir leurs objectifs.
D’après cette étude, les tendances observées entre les entreprises adeptes de la QVT et celles qui ne le sont pas (ou très peu) semblent s’être renforcées : sur le plan personnel par exemple, les entreprises du groupe A (peu réceptives à la QVT) ont connu des difficultés auprès de leurs collaborateurs, moins encadrés et davantage désorientés par la restructuration des méthodes de travail. Au contraire, les entreprises du groupe B (plus investies dans la QVT) ont limité considérablement ces problèmes liés au moral, à l’engagement ou encore au sens du travail des collaborateurs.
En ce qui concerne la cohésion d’équipe, elle aussi semble impactée : pour le groupe A, l’intégration des salariés s’avère plus difficile, même si l’estime qu’ils ont pour les autres s’est particulièrement accrue. Pour le groupe B, les collaborateurs sont plus soudés entre eux et plus sensibles aux valeurs de l’entreprise, aux choix de la stratégie et à son organisation. Le soucis du bien-être est en phase avec ces préoccupations, et notamment l’équilibre entre vie personnelle et professionnelle qu’il est parfois difficile de distinguer avec le télétravail.
Montrer du doigt les avantages de la QVT pour le bien-être des collaborateurs n’est plus une nouveauté : de nombreuses études témoignent de son efficacité pour garantir la santé des collaborateurs et la durabilité de l’entreprise. Une véritable prise de conscience commence à naître au sein des entreprises, qui commencent de plus en plus à entretenir des échanges avec leurs salariés pour prendre soin d’eux et les guider dans l’accomplissement des objectifs.
Prendre le pouls de ses collaborateurs en période de crise
La QVT ne se résume pas à proposer des activités pour dynamiser les équipes. Etre à leur écoute et se soucier de leur bien-être sont des enjeux déterminants et essentiels pour rassurer les salariés et leur permettre de travailler dans de bonnes conditions. Ouvrir le dialogue et échanger sur les conditions de travail est une étape clé pour mieux comprendre les collaborateurs. Comme le souligne Sébastien Waller, “une entreprise où les salariés vont mal ne peut pas bien se porter”.
Ne perdez pas pour autant de vue que chaque individu est différent. Les problématiques rencontrées peuvent être subjectives et varier selon les personnes, il faut donc être à l’écoute de chacun. Pour redonner confiance à vos collaborateurs, échangez avec eux sur les dispositifs mis en place, sur le travail de chaque équipe et montrez leur le sens de leur travail. Le dialogue est important, et il l’est d’autant plus lorsque nous vivons une période instable et dont le futur est encore incertain !
La QVT, levier indispensable de l’après-crise ?
Pendant le confinement, les salariés se sont recentrés sur eux-même et sur leur propre bien-être. Un constat qu’a pu observer Aurélie de Raphélis Soissan avec la hausse de demande des salariés pour souscrire au programme sport et bien-être à domicile Gymlib Home. “Plus de 40% des abonnés Gymlib se sont par exemple remis au sport avec notre nouvelle offre de sport à domicile. D’ailleurs, 1/4 des nouveaux inscrits ne faisaient pas de sport avant ! Une véritable prise de conscience est donc en train d’émerger chez les collaborateurs qui ont de plus en plus besoin de pratiquer une activité physique.”
Si les salariés se concentrent sur eux, il ne faut pas oublier que la clé du bon fonctionnement d’une entreprise est le travail d’équipe. Rapprocher les collaborateurs entre eux, qu’ils soient en télétravail ou non, n’est donc pas une si mauvaise idée. Selon cette étude, seulement 3 français sur 10 indiquent prendre des nouvelles régulières de leurs collègues par téléphone. L’un des rôle des RH serait donc de privilégier la cohésion d’équipe et de créer des moments de partage même à distance. “Pour que l’organisation et la culture de l’entreprise repartent sur de bonnes bases, il faut avant tout nourrir et reconstruire le collectif” recommande Stéphane Waller.
Proposer des solutions QVT en sortie de confinement peut sembler aux premiers abords non prioritaire et coûteux. Pourtant, de nombreuses alternatives existent pour entretenir le lien avec vos collaborateurs restés en télétravail ou de retour au bureau. Aurélie de Raphélis Soissan et Stéphane Waller proposent quelques idées à mettre en place facilement :
- Créer des créneaux d’échange pour parler d’un sujet extérieur au travail
- Proposer des jeux collectifs en ligne
- Animer des séances de cuisine pour refaire le plein de recettes
- Lancer des challenges sportifs pour recréer du lien et partager ses exploits
- Instaurer des temps consacrés à limiter la sédentarité
Investir dans la QVT n’est donc pas nécessairement coûteux. L’objectif est avant tout de garder un lien et d’être empathique avec ses équipes. Un salarié sera d’autant plus productif si son sentiment d’appartenance à un groupe est assouvi et que les valeurs de l’entreprise le poussent à atteindre un objectif commun.
L’entreprise doit donc redevenir un lieu de bien-être (qu’il s’agisse ou non de télétravail) où il fait bon vivre. L’organisation du travail nécessite de s’adapter aux besoins des salariés en offrant par exemple une réorganisation des espaces et une meilleure flexibilité des horaires de travail. Ne pas répondre à ces exigences pourrait avoir des effets néfastes sur les performances des collaborateurs qui pourraient se sentir incompris vis-à-vis de leurs supérieurs.
Il n’y a donc pas de réponse définitive ou de solution miracle : chaque entreprise possède des problématiques uniques et propres à elle. En période d'après-crise, la communication et l’engagement QVT sont donc les clés pour y faire face et les résoudre. Pour Aurélie de Raphélis Soissan, il n’y a aucun doute : “Il faut avoir confiance en l’avenir. Les entreprises auront encore de beaux jours devant elles si elles alignent confiance, engagement, performance économique et sociale”.
Source : Bleexo