Comment travaillerons-nous en 2021 ? Télétravail, mesures sanitaires, réorganisation, nouveaux rapports au travail… La crise sanitaire plonge les entreprises dans une vague d’incertitudes. Mais c’est aussi le moment de se réinventer !
Mardi 24 novembre 2020 s’est tenue la première édition de l’Atelier des RH : Comment travailler à l’ère du Covid-19 ? Une matinale 100% digitale consacrée aux nouvelles “bonnes pratiques” en entreprise.
Gymlib, PayFit, Swile et myRHline ont rassemblé leur expertise digitale et RH pour tenter de répondre aux problématiques relatives au monde du travail de demain.
Comment allier bien-être des salariés et performance de l'entreprise ? Comment engager des équipes à distance ?
Vous étiez plus de 1000 participants à assister à ces 5 conférences, comprenant notamment une table ronde, animée par les CEO des 3 startups organisatrices. Vous avez raté l’événement ou souhaitez simplement aller plus loin ? Revenons ensemble sur les temps forts de cette matinale RH unique en son genre !
1. Bien-être et engagement : les oubliés du travail à distance ?
Gaël Chatelain-Berry, pionnier de la bienveillance en entreprise, a ouvert le bal avec sa keynote au sujet du maintien de l’engagement en télétravail. Spécialiste du bien-être en entreprise, et auteur de l’ouvrage Le bien-être au travail pour les nuls, il a présenté sa vision du travail à l’ère de la COVID-19.
Gaël nous interpelle sur le fait que seulement 16% des entreprises françaises possédaient des accords sur le télétravail avant la crise sanitaire. Or, aujourd’hui plus de 90% des salariés souhaitent garder entre 1 et 3 jours de télétravail par semaine, sur le long terme. Il est donc primordial de maîtriser l’art du management à distance, en interne.
Les managers se doivent d’être de véritables pilotes d’avion pour leurs équipes, en accordant de l'importance aux émotions des salariés, en instaurant un climat de confiance, mais aussi en luttant contre la perte de sens et le désengagement.
Cette keynote nous rappelle ô combien le bien-être et l’engagement au travail sont des éléments indispensables au bon fonctionnement d’une entreprise.
Ce que l’on retiendra :
- C’est le rôle de l’entreprise de créer un véritable équilibre vie pro / vie perso pour ses salariés, cela passe par la mise en place d’une organisation plus flexible.
- L’engagement est la clé pour des salariés épanouis et productifs, c’est donc le rôle de l’entreprise de leurs donner des responsabilités ainsi que des perspectives d’évolution à moyen et long terme.
- Il est important d’intégrer le principe des avantages acquis : les entreprises devront continuer à prendre soin de la santé de leurs salariés, même post pandémie, c’est un nouveau paradigme.
2. Comment agir sur la santé et le bien-être des salariés au travail en période de crise sanitaire ?
Le workshop Gymlib était présenté par Julien Pierre, maître de Conférences à l'Université de Strasbourg et auteur des ouvrages Le sport en entreprise, enjeux de sociétés et Le sport au travail - Bien-être & management ainsi qu’Aurélie de Raphélis Soissan, Responsable des Ressources Humaines chez Gymlib. Ils ont abordé la question de la santé et du bien-être des salariés en période de crise sanitaire en 4 parties :
- Etat des lieux du bien être au travail
- Impact de la crise sur la santé des collaborateurs
- Quels sont les véritables bienfaits du sport sur la santé des collaborateurs ?
- Comment insuffler une dynamique sport-santé en entreprise ?
Bien-être au travail : où en est-on ?
Pour Aurélie de Raphélis Soissan et Julien Pierre, les nouvelles attentes des salariés dans leur rapport au travail ont évolué depuis le début de la pandémie : 1 salarié sur 2 ne voit plus son travail de la même manière depuis le début de la pandémie ? (d’après une étude réalisée par l’Ifop et Wittyfit en mai 2020)
Les salariés n’ont jamais autant exprimé leur besoin de bien-être au travail pendant cette période de crise sanitaire :
- 81% d’entre eux font du bien-être au travail un enjeu prioritaire. Un chiffre qui a bondi de 25 points en à peine 2 ans ! (d’après une étude réalisée par l’Ifop et Wittyfit en mai 2020)
- 89% des Français considèrent qu’il est plus que jamais nécessaire de faire du sport pour se maintenir en forme et en bonne santé (d’après une étude de l’Union Sport et Cycle)
- 53% des salariés estiment que les entreprises s’occupent de leur bien-être pendant cette période (d’après le Baromètre santé et qualité de vie au travail 2018, Malakoff Mederic).
Même constat du côté de l’employeur : selon Aurélie de Raphélis Soissan, un de leurs enjeux post Covid-19 sera d’infuser et de diffuser une culture du bien-être au sein des organisations.
Pourquoi parle-t-on autant du bien-être au travail ?
Pour Julien Pierre, le risque est de voir se distendre les liens entre les collaborateurs d’où la nécessité de recréer de la cohésion. L’activité physique et sportive dans le cadre du travail - pratiquée même à distance - est l’un des outils fondamental pour recréer ce lien social. Il préconise de s’y mettre maintenant pour être prêt à enchaîner sur de bons réflexes post Covid-19. Selon lui, “la crise est une bonne opportunité pour les employeurs de montrer qu’ils sont une bonne workplace prenant en considération le collaborateur dans une logique de fidélisation.”
Selon Aurélie de Raphélis Soissan, le bien-être en entreprise est un concept large, mais la crise a fait émerger cette notion de manière plus forte, jusqu’à en faire une priorité pour les salariés.
L’impact de la crise sur le bien-être des collaborateurs
Appuyée par les chiffres issus du dernier Livre Blanc de Gymlib intitulé “Le sport en entreprise, l’atout santé de demain ?”, Aurélie de Raphélis Soissan explique en quoi la santé globale des salariés s’est dégradée depuis le début de la crise. Elle évoque notamment une accentuation des facteurs de risques professionnels tels que les risques psychosociaux et les troubles musculo squelettiques avec des études à l’appui comme celle de Malakoff Humanis :
- 12 % ont le sentiment que leur santé s’est dégradée pendant la crise;
- 27 % déclarent un impact négatif sur leur santé physique;
- 45 % se sentent plus fatigués psychologiquement.
La responsable RH de Gymlib rappelle qu’un salarié “qui n’est pas bien dans ses baskets” a jusqu’à 3 fois plus de risque de déclencher des problèmes de santé. Les conséquences sont nombreuses pour l’employeur : baisse de performances, perte de cohésion, mauvaise ambiance, augmentation de l’absentéisme, arrêts maladie de longue date, etc.
Le coût annuel par collaborateur de l’absentéisme (13 000€) pourrait être réduit si l'entreprise prenait conscience de leur bien-être et mettait en place une politique de prévention sur la qualité de vie au travail.
Que peut-on faire pour inverser la tendance ?
La dernière partie du workshop s’intéresse à l’activité sportive comme outil de prévention santé au travail ainsi qu’aux solutions pour insuffler une dynamique sport-santé en entreprise. Aurélie de Raphélis Soissan fait le point sur les nombreux bienfaits du sport sur la santé physique et mentale des collaborateurs.
Quant à Julien Pierre, il conseille aux employeurs dans un premier temps de sensibiliser les collaborateurs aux bienfaits de l'activité sportive sur leur santé, sans pour autant les faire culpabiliser. “Cela peut passer par une communication douce comme des conseils d’un médecin ou ergonome” rappelle Julien Pierre. Puis il convient de les encourager à bouger via des conférences, et enfin d’aménager l’espace et le temps de travail des collaborateurs.
Alors que 80% des français sont considérés comme sédentaires, les entreprises semblent avoir compris cet enjeu. Parmi les actions mises en place par les participants de ce workshop pour favoriser le bien-être des collaborateurs en télétravail, les séances de sport (yoga, challenges sportifs...) sont arrivées en 2ème position derrière les moments de convivialité (apéro, jeux, cours de cuisine…).
3. Télétravail : pour le meilleur et pour le pire ? 3 entreprises racontent
Présentée par Christophe Patte, le fondateur du magazine myRHline, cette table ronde a réuni les CEO de trois startups qui s’engagent à relever les défis RH de demain : Firmin Zocchetto de PayFit, Loïc Soubeyrand de Swile, et Sébastien Béquart de Gymlib.
Chez PayFit, l’organisation était déjà assez flexible avant la pandémie, avec 1 jour de télétravail par semaine, voire plus si besoin. Avec l’épreuve du 1er confinement, un projet a vu le jour : le “Work from anywhere”. La possibilité pour chacun des collaborateurs de choisir son lieu et ses horaires de travail. Les bureaux restent, mais chaque salarié est libre de travailler d’où il le souhaite et de s’y rendre lorsqu’il en ressent le besoin. C’est un concept beaucoup plus large que le télétravail, car il rend flexible l’ensemble des processus de l’entreprise.
“La technologie n’est pas la même aujourd’hui qu’il y a 10 ans. Beaucoup d’outils vont nous aider dans les années à venir pour avoir un degré d’innovation similaire à distance qu’en présentiel.” - Firmin Zocchetto, CEO PayFit
La pratique du télétravail n’est pas une nouveauté pour Swile puisque qu’1/3 des effectifs de l’entreprise est déjà en full remote depuis le début de l’aventure. La gestion du travail à distance faisait partie intégrante de la culture d’entreprise bien avant le 1er confinement notamment avec la confiance accordée aux collaborateurs. Pour Loïc Soubeyrand cette confiance est primordiale tout comme le fait de savoir écouter ses salariés.
“Être équipé des bons outils et avoir une culture qui favorise la cohésion d’équipe sont des éléments qui facilitent cette transition.” - Loïc Soubeyrand, CEO Swile
Pour Gymlib, la pratique du télétravail s’est largement développée avec le 1er confinement, bien qu’il était déjà possible de télétravailler auparavant à raison d’une fois par semaine. Les équipes se sont adaptées et certaines règles ont été mises en place. Après une co-construction avec les équipes, Gymlib a décidé de passer à un modèle hybride, en misant sur la mise en place d’un climat de confiance. Pour Sébastien, il est important de démocratiser l’autonomie en entreprise et de donner plus de responsabilités aux collaborateurs, “(...) notre rôle est aussi de mettre en place un maximum de choses pour instaurer un climat de confiance.”
Sébastien Béquart ajoute : “Même à distance on doit apprendre à déléguer et à responsabiliser les équipes”.
Si le télétravail peut être un facteur d’isolement et que l’OMS recommande une activité sportive régulière pour lutter contre la sédentarité, il appartient à l’entreprise d’être attentive aux besoins des salariés et de préserver leur santé.
En résumé, le télétravail est synonyme de flexibilité pour les salariés, il permet un meilleur équilibre vie pro/vie perso et offre un environnement plus épanouissant, basé sur la confiance. Si chacune des 3 entreprises s’organisent différemment à ce sujet, elles se rejoignent sur un aspect primordial au bon fonctionnement de cette pratique : savoir faire confiance à ses collaborateurs. Le contrat de travail, comme nous le rappelle Sébastien Bequart, est avant tout un contrat de confiance entre l’employeur et l’employé !
La communication et la transparence seront-elles les piliers du travail de demain ?