Qualité de vie au travail, burnout, sport en entreprise, engagement des collaborateurs.
Autant de sujets qui deviennent des enjeux majeurs dans le quotidien d'un DRH en 2019.
Deloitte, un des cabinets d'audit les plus renommés en France et dans le monde, a compris l'importance du bien-être de ses salariés depuis quelques années déjà. Rencontre avec Sophie Lethimonnier, Directrice des Ressources Humaines chez Deloitte.
Depuis quand êtes-vous sensible à la qualité de vie au travail chez Deloitte ?
Depuis environ deux ans. En tant que DRH, c’est un élément important de la stratégie talent. Nous avons trois piliers sur lesquels on agit : l’un fait référence à la bonne ambiance, à la collaboration, au bien-être au travail. Cela nous semble absolument indispensable compte-tenu des attentes de nos collaborateurs. Ils sont bien évidemment sensibles à ces sujets d’autant plus que nous sommes dans un environnement qui sollicite beaucoup. Il faut pouvoir apporter en contrepartie des actions et des mesures qui montrent qu’on essaye de les aider.
Je suis convaincue qu’il faut proposer aux collaborateurs un environnement stimulant. C’est comme ça que nous allons les motiver et les engager.
Comment s’illustre en détail cette importance accordée à la QVT ?
Plusieurs actions ont été mises en place il y a un certain temps comme la conciergerie ou encore la sophrologie menée par des infirmières.
Les locaux sont un autre exemple. Nous avons tous emménagé à la Tour Majunga en mai 2018, qui fait la part belle à toute cette qualité de vie au travail : cafétéria dans un environnement convivial, baby foot, jeux vidéos, avec un mobilier qui incite à l’échange, à se détendre. Nous avons une grande variété pour les espaces de restauration, une salle de sport mais aussi l’emménagement, le Flex Office pour permettre aux collaborateurs de se sentir bien. Nous avons mis en place une charte pour le télétravail en juin 2018 pour favoriser cet équilibre vie pro/perso mais aussi de faire évoluer la culture de l’entreprise.
Nous allons lancer un partenariat avec Baby Sittor, nous prendrons en charge le forfait d’abonnement. Nous reprenons également une réflexion sur les réseaux de crèches. De même pour le covoiturage afin de faire le lien avec tous les enjeux d’écologie.
Nous avons également lancé Gymlib, qui répond à une réelle demande de la part des salariés.
Le bien-être physique par le sport est-il un pilier de votre démarche QVT ?
Lorsque nous avions sollicité les salariés pour avoir leur avis sur Gymlib, nous avions reçu beaucoup de mails enthousiastes pour nous dire que c’était une excellente initiative.
Au delà de Gymlib, nos employés montent des mini associations pour pratiquer du sport ensemble : foot, rugby, running etc… Nous avons une réflexion en cours pour mieux coordonner et organiser ces actions. Notre enjeu est de créer une transversalité et de renforcer la connaissance des collaborateurs entre eux.
Qu'en est-il du bien-être au travail d’un point de vue psychologique ?
Nous avons mis en place des actions pour prévenir les risques psychosociaux. C’est indispensable de communiquer sans tabou sur des sujets comme cela. On nous évoque souvent le burnout mais c’est important de comprendre vraiment ce que c’est, comment on peut agir. Cela fait souvent peur, il faut dédramatiser le sujet pour en parler plus librement.
Comment favoriser aujourd’hui la cohésion sociale quand vous disposez de locaux partout en France ? Pensez-vous que le sport peut y contribuer ?
Je pense tout de suite au Derby. C’est un événement phare chez Deloitte qui existe depuis près de 20 ans, qui a mobilisé environ 600 collaborateurs sur la dernière édition. Les collaborateurs viennent principalement de France, c’est également ouvert à certains bureaux de l’étranger. Les collaborateurs choisissent la composition de leurs équipes. J'ai été impressionnée par l’état d’esprit qui y règne, l'engagement et la solidarité sur l’événement ! Un des critères du raid c’est que l’intégralité de l’équipe doit arriver au bout pour valider l’épreuve. J’en ai vu qui se soutenaient, se portaient. Cela crée du lien.
Sur quelles problématiques le programme Gymlib vous a-t-il accompagné ? Est-ce une manière de récompenser les salariés ou de les aider à être en bonne santé ?
Ce n’est pas une question de récompense. On est pas du tout dans des critères de sélectivité, de productivité. Cela permet de les remercier bien sûr parce qu’on leur propose une offre attractive qui répond à leurs besoins. C’est une façon de montrer l’intérêt qu’on leur porte. “Un esprit sain dans un corps sain”, j’en suis intimement convaincue.
Je pense qu’il y a un besoin d’évacuer le trop plein qu’on peut avoir dans la journée et le sport est un très bon moyen de le faire. Même s’il n’y a pas que ça ! Redescendre le niveau de stress régulièrement, c’est indispensable.
Aujourd’hui quel est le rôle du sport dans la déconnexion et la sédentarité ?
On est dans des métiers où l’on passe une bonne partie de la journée devant l’ordinateur : se remettre en activité physique est essentiel. Avec les transports en commun, je ne suis pas certaine que tout le monde fasse les recommandations journalière en matière de sport.
Est-ce que le sport peut permettre au travail d’être plus flexible ? Si oui, comment ?
Nos collaborateurs sont considérés comme autonomes. Il y a cette flexibilité naturellement. Je ne suis pas sûre que le sport contribue à la flexibilité du travail. En tout cas chez nous, elle existe déjà.
La vision des DRH vous intéresse ? Nous vous recommandons de lire l'interview d'Hervé Rambaud, DHR chez GRTgaz, leader européen sur son secteur.