Lisa Cez est une cavalière internationale de para-dressage. Du haut de ses 27 ans, elle concilie sa carrière de gemmologue et son sport, qu’elle réalise aujourd’hui au niveau pro. Accompagnée de son cheval Stallone, elle se prépare pour l'objectif d'une vie : participer au plus bel événement sportif de 2024 à Paris ! Son parcours a beaucoup inspiré l’équipe Gymlib, qui a décidé de la soutenir pour les prochaines années. Découvrez-le dans notre interview exclusive.
Comment est née ta passion pour l'équitation ?
Ma passion pour l'équitation est née grâce à mon frère. Il était cavalier de concours complet d’équitation, une discipline qui inclut 3 épreuves : le dressage, le cross et le saut d'obstacles. En l’accompagnant à une compétition, j’ai découvert les circuits de dressage. Du coup, j'ai commencé l'équitation à 5 ans et j'ai eu la chance d'avoir une monitrice qui était très accès sur le dressage. J'ai immédiatement commencé à pratiquer cette discipline et depuis, je n'ai jamais arrêté.
Peux-tu nous raconter ton parcours ?
Au départ, je n'avais pas forcément de perspective. L'équitation était simplement un sport de plaisir pour moi. Et puis juste avant mon accident, je venais de rencontrer ma future ponette qui allait m'emmener aux championnats d'Europe de 2011. J'ai eu mon accident en 2007, à l'âge de 10 ans. J'ai été percutée par un cheval et, avec ma jument nous avons été projetées trois mètres plus loin contre une barrière en demi-rondins de bois. Je me suis retrouvée avec une double fracture du bassin, ce qui a nécessité une immobilisation à l'hôpital, puis une immobilisation générale une fois de retour chez moi. Un an et demi après mon accident, j'étais de nouveau à cheval ! En 2011 j'ai intégré l'équipe de France d’équitation pour les championnats d'Europe en poney.
Et du coup, 3 ans après ton accident tu te remets dans les compétitions. Qu'est-ce qui t'a donné la force de regrimper sur le cheval ?
Je venais à peine d'avoir mon accident, j'étais encore par terre, ma mère était au téléphone avec les pompiers et je lui ai dit “t'inquiète pas maman, je sens mes pieds et je remonterai à cheval”. En fait, je n’ai jamais eu cette appréhension à l’idée de remontrer à cheval parce que mon accident ne venait pas de mon propre cheval, mais d’un événement externe. Pour moi, remonter à cheval était une évidence. Cet objectif m'a aidée à surmonter toutes les difficultés. J'ai dû réapprendre à marcher, en passant du fauteuil roulant aux béquilles, puis à marcher seule. C'est vraiment l'objectif de remonter à cheval qui a fait que je me suis remise à sortir de mon fauteuil pour marcher à nouveau.
Est-ce que tu peux nous présenter Stallone ?
Mon cheval s’appelle Stallone de Huss. Il a actuellement 13 ans et je l'ai eu à l'âge de 3 ans. C'est un cheval extrêmement gentil et très généreux. Quand il est dans le box comme ça, il est très calme. Mais dès qu’on commence à travailler ensemble, il devient une véritable flèche ! Il est toujours motivé pour s’entraîner. Je n'ai jamais eu l'impression que ce qu'on lui demandait le dérangeait. C'est une véritable qualité pour un cheval de sport.
Peux-tu expliquer ta discipline en para-dressage ?
Que ce soit pour les cavaliers valides ou ceux en para-dressage, on exécute une reprise sur un rectangle de dressage. Les mouvements sont imposés et notés de 1 à 10. Celui qui obtient le meilleur pourcentage total gagne.
En paralympique, il y a cinq grades en fonction du degré de handicap, et les reprises sont adaptées pour être les plus confortables possible pour les cavaliers. Le grade 1 regroupe les cavaliers les plus lourdement handicapés, souvent paraplégiques ou atteints de graves maladies, qui ne font leur reprise qu'au pas. Les grades 2 et 3 incluent des reprises au pas et au trot, avec plus de pas pour le grade 2 et plus de trot pour le grade 3. Les grades 4 et 5 couvrent les trois allures, mais avec des mouvements différents. Le grade 5, dans lequel je me trouve, demande des mouvements plus complexes que le grade 4.
Quelles sont les qualités essentielles en para–dressage ?
Pour moi, cela relève déjà d'un grand respect. Nous travaillons avec un être vivant qui n'a pas décidé d'être ici. Il est né dans un pré, quelque part, et nos chemins se sont croisés. C'est donc un partage, une danse. S'il n'a pas envie de le faire, je ne vais pas le lui imposer. Ensuite, il y a beaucoup de rigueur, car il faut répéter, répéter, et encore répéter les reprises pour chercher la perfection. C'est également beaucoup de partage avec toutes les rencontres et les différents entraîneurs que j'ai pu avoir dans ma vie.
Comment tu te prépares physiquement à côté de l'équitation ?
À côté de mes entraînements qui ont lieu le week-end, j'ai une préparation la semaine. Du fait de mon handicap, c'est principalement des séances de kiné. Mais au vu de l'intensité physique que ça demande, on a quand même aussi une préparation de renforcement musculaire. Je fais beaucoup de musculation, je fais énormément de mobilité aussi parce que c'est un peu mon problème. J'ai aussi de la piscine pour faire le cardio, parce que je ne peux pas courir.
Comment concilies-tu ta passion, qui est devenue professionnelle, avec ton métier actuel ?
Je m’organise ! Ma semaine commence le mardi. Du mardi au vendredi, je travaille. Le matin, soit je vais chez le kiné, soit je vais à la piscine. Puis, je m'entraîne avec Stallone le samedi, dimanche et lundi. Le mardi Stallone se repose. Le mercredi et le vendredi, Maïlys Frougneux, cavalière professionnelle et sa groom en compétition, le monte. Le mercredi, c'est souvent une séance de détente, un stretching pour lui étirer un peu le dos après le week-end d'entraînement. Le vendredi, elle le remet un peu au travail pour que je puisse m’entraîner le samedi, dimanche et lundi. Le jeudi, ma mère lui fait faire une séance de longe. Et tous les matins, il va au paddock, ce qui est important pour lui.
Par rapport à Gymlib, qu'est-ce qui t’a attiré dans notre partenariat ?
On a contacté Gymlib parce que je pense qu'on voit un peu la vie de la même manière. En tant que sportive, je trouve essentiel d'encourager les gens à bouger, même lorsqu'ils ont un travail sédentaire, comme le mien. Même si je suis censée être derrière un bureau, j'essaye au maximum de me lever au moins une fois toutes les heures. J’ai trouvé fantastique l'idée de Gymlib de proposer des solutions permettant aux employés de rester actifs durant la journée de travail.
Est-ce que tu as un message à faire passer aux gens qui ne font pas forcément de sport et qui souhaiteraient s'y mettre ?
Malgré mes limites, je me mets au sport. Mon message c’est qu'il faut bouger. Quand on est jeune, on ne s'en rend pas compte, mais plus tard, on pourrait regretter de ne pas avoir été plus actif. Même sortir son chien compte : 20 minutes, trois fois par jour, et ça fait déjà une heure de mouvement au quotidien. Aujourd'hui, les entreprises peuvent mettre en avant des solutions comme Gymlib pour encourager l'activité physique. Le sport fait du bien au moral, et on travaille mieux après. C'est très important de bouger tous les jours.
Merci Lisa et on te souhaite bonne chance pour les qualifications !